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UN PEU D'HISTOIRE POUR ÉCLAIRER LE PRÉSENT

Les constats faits à l’occasion de la pandémie de Coronavirus

Il nous faudra prendre le temps, avec les syndiqués et au- delà, d’analyser la crise sanitaire, sa gestion par les pouvoirs publics et ses conséquences. On peut, après plusieurs semaines de vécu, relever les points suivants :

  • Le « nous sommes en guerre» résume les incohérences de la politique gouvernementale, voire les mensonges, les hésitations, l’improvisation et le décalage des discours et des décisions avec la réalité du vécu par la population. La question de la gestion des masques, exemple le plus marquant, révèle ces incohérences, cette improvisation :
    • Les entreprises sont incitées à poursuivre leurs activités et les salariés à travailler, notamment dans des secteurs non indispensables au fonctionnement du pays, dans le même temps où le Gouvernement restreint fortement la liberté de circulation et impose de rester confiné au domicile.
    • Par ailleurs, alors que cette situation nécessite l’engagement et la responsabilité de chaque citoyen, le Gouvernement, accompagné par quelques « experts », s’est attribué et a exercé un pouvoir exorbitant, mettant à l’écart les institutions, généralisant la surveillance des personnes, accentuant la remise en cause des droits et protection des travailleurs,
  • S’agissant d’une crise mondiale, on ne peut que constater la carence des institutions européennes et internationales.
  • La crise n’a fait que confirmer les carences de notre système de santé, pour lesquelles les alertes n’ont pas manqué ces dernières années, et notamment ces derniers mois :
    • la dégradation des hôpitaux publics, avec leurs 99 000 lits supprimés en 20 ans,
    • le développement de la puissance de l’industrie pharmaceutique et de son emprise sur la recherche médicale,
    • la désertification médicale dans nombre de territoires ruraux ou quartiers en difficulté,
    • la protection sociale qui a été réduite, …
  • Les conséquences sanitaires, sociales et économiques s’annoncent particulièrement catastrophiques en France, mais aussi dans bien d’autres pays; partout en fait, où la gouvernance et la gestion sont au service de la finance et partout où sont appliqués les principes et les règles d’austérité. La crise économique va en outre être l’occasion de produire et d’accentuer le chômage, la remise en cause des droits et protections conquis par les travailleurs. Les dégâts s’annoncent particulièrement durs pour la population, notamment pour les personnes âgées, pour celles et ceux exposés aux inégalités, à la précarité, à la pauvreté.
  • Nous pouvons mettre en valeur l’importance de la solidarité qui a pu s’exprimer de multiples façons : l’entraide de proximité, les initiatives pour trouver ou fabriquer des matériels de protection, les hommages rendus aux personnels hospitaliers, l’engagement de certains élus locaux et de certaines municipalités, de retraité-e-s, les bénévoles se mobilisant pour la scolarisation des enfants, pour aider les soignants, pour se préoccuper des personnes isolées, des sdf et des personnes en situation précaire, l’engagement des associations caritatives ou culturelles …etc.

L’après crise sanitaire

Des pistes de réflexions

Le projet de société doit :

  • remettre l'Humain au centre de la Société,
  • ne pas considérer l'Humain comme une marchandise,
  • partager équitablement les richesses créées,
  • ne pas considérer les Services Publics comme un coût.

Principales questions à discutées avec les syndiqués et susceptibles de motiver de futures mobilisations.

1.    Pour une politique de prévention des épidémies

  • Un cadre institutionnel redéfini

Il appartient aux autorités publiques de définir et de clarifier les objectifs, les modalités et les moyens de prévenir ou d’accompagner les épidémies ; l’élaboration de ce cadre institutionnel doit associer l’ensemble des acteurs concernés tel que les services publics, les usagers et leurs associations et syndicats.

Par ailleurs, face aux carences et incohérences constatées, le Gouvernement doit interpeller les institutions européennes (CEE) et internationales (OMS) pour une mise en cohérence des actions et des moyens engagés par les pays.

La subvention des hôpitaux publics ne doit pas être basée sur le paiement à l'acte dont nous demandons la suppression.

Il faut une modification du fonctionnement de Conseils d'Administration pour que la gestion des hôpitaux et de la sécurité sociale échappe aux diktats financiers imposés par les technocrates.

  • Le développement de la recherche médicale

Le développement de la recherche, associant la recherche fondamentale, l’épidémiologie et la santé publique, les sciences humaines et économiques, doit être inscrit dans un cadre institutionnel et assorti des moyens nécessaires pour cette recherche et pour les soignants.

  • Un plan d’urgence sanitaire défini avec l’ensemble des acteurs incluant :
    • un volet sanitaire, établi à partir d’une évaluation des moyens à mobiliser, une véritable politique de la perte d'autonomie, notamment en faveur des EHPAD – la prévention des risques reconnue comme une priorité absolue dans les politiques publiques, y compris pour les risques professionnels subis par les travailleurs doit se faire avec l'ensemble des acteurs tels que la médecine du travail et scolaire, les mutuelles, sans oublier les syndicats représentant les travailleurs qui doivent retrouver une place prépondérante dans la prise des décisions relatives à la prévention.
    • un volet économique et social arrêtant :
  • les dispositions prises pour accompagner les entreprises, les services publics et les travailleurs,
  • la définition des activités indispensables à la population, la prise en compte de la protection de ceux qui y travaillent. L’instauration d'une Sécurité Sociale Universelle (prise en charge à 100 %) ainsi que la suppression des dépassements d'honoraires.
  • une nouvelle politique économique pour combattre les inégalités et la précarité dans tous les domaines.
  • un volet libertés publiques respectant certains principes :

La transparence des décisions publiques par toutes les autorités de l’État et des collectivités et des services publics,

La clarification des interdits et des dispositions pour les faire respecter,

Le respect des libertés fondamentales

  • un volet solidarité internationale à construire avec les autorités européennes et mondiales ; priorité à la fin des conflits, des blocus et des sanctions économiques. Priorité à la coopération et aux échanges de savoirs et de technologie sanitaire.

2.    Pour un service public de santé au service de tous

  • Renforcer les missions et des moyens des hôpitaux publics de proximité.

Des effectifs, une revalorisation des métiers et la reconnaissance des qualifications, la suppression réelle des numérus clausus pour l’accès à ces métiers, une réouverture des lits d’hospitalisation et des moyens suffisants, en urgence la nécessité d’un PLFSS rectificatif pour soutenir financièrement les hôpitaux, la limitation immédiate et la réintégration à terme du secteur hospitalier privé.

  • Instaurer une politique publique nationale du médicament (recherche, industrie, distribution)

Cette question présente un caractère stratégique avec plusieurs axes :

La relocalisation des productions essentielles des médicaments et matériels médicaux,

L’encadrement de leur prix,

Un pôle public pour la recherche disposant des moyens et du personnel nécessaires et indépendant des financements privés

Le rétablissement et l’amélioration de statut des personnels du Service Public.

  • Développer une politique définissant les objectifs et moyens de l’accompagnement de la perte d’autonomie

Nous demandons l'abandon de la proposition de création de la 5ème branche pour la perte d'autonomie et exigeons son intégration dans la branche maladie de la sécurité sociale.

Dans ce cadre les établissements notamment les EHPAD doivent relever exclusivement du secteur public, et ne plus être une source de profits pour des sociétés à vocation capitaliste.

Les dispositifs de maintien à domicile doivent être renforcés

  • Prévenir les atteintes à la santé dans tous les domaines
  • Restaurer et développer une véritable protection sociale pour les usagers

La Sécurité Sociale, ses missions, ses moyens, sa gestion

  • Prendre toutes les initiatives pour en faire une priorité de la politique européenne et internationale

Les échanges et dossiers communs, le développement de la coopération, les moyens pour la recherche, pour l’aide médicale

3.    La lutte contre les inégalités et la précarité

La crise sanitaire a confirmé et aggravé l’existence des précarités et inégalités il y a urgence à apporter des solutions dans tous les domaines. Ce constat impose :

  • Une remise à plat des politiques dans tous les domaines (logement, aide sociale, emploi, enseignement, égalité H/F, …)

Des inquiétudes existent quant aux orientations gouvernementales et patronales qui veulent redresser l’économie par la baisse du coût du travail et le développement de la précarité en utilisant le chantage à la dette et au chômage. Nous devons nous y opposer ainsi que peser pour la mise en place de moyens pour lutter contre l'évasion fiscale et mettre en avant une politique économique orientée vers la suppression des inégalités et de la précarité.

La crise a confirmé les inégalités et les précarités : 9 millions vivent en dessous du seuil de pauvreté, 4 millions de mal- logés, confinement en logements étroits notamment dans les quartiers populaires avec parfois la pression policière - Nécessité de création de logements sociaux en grand nombre

La persistance des inégalités entre les femmes et les hommes dans tous les domaines doit nous conduire a renforcer et accélérer le processus d’égalité Femmes/Hommes– assurer notamment la revalorisation des métiers à prédominance féminine.

La crise a également mis en lumière l’insuffisance, voire l’indigence de notre école publique. Il nous faut restaurer l’école publique avec de nouveaux moyens à la hauteur des besoins.

  • La revalorisation du rôle des acteurs locaux (associations, collectivités, syndicats)

Les Services Publics et notamment la Sécurité Sociale, doivent être des services de proximité.

Concernant les associations qui agissent avec les bénévoles pour accompagner, et faire valoir les droits des personnes confrontées à la pauvreté, à la précarité et aux inégalités, quelle place au regard des services publics, avec quelle reconnaissance et quels moyens ?

Au niveau local, s’impose la nécessité d’une coopération permanente avec les collectivités locales, les syndicats, les services publics.

4.    La remise en cause des politiques d’austérité

  • Nécessité de redéfinir la politique européenne

Il faut construire un nouveau pacte européen pour sortir des règles d’or budgétaires qui ont imposé l’austérité et affaibli les services publics, sortir de l'emprise imposée par le pouvoir européen, redonner à chaque État la liberté de définir sa politique de santé en s'autorisant une marge d'évolution, notamment budgétaire, en fonction de l’apparition de nouveaux/futurs besoins.

Abandonner la référence au PIB, mais se centrer sur la richesse créée, ses modes et moyens de production.

Créer un organisme européen de prévention et de prévision des risques majeurs, chargé de coordonner, gérer, répartir les moyens financiers, humains et matériels. Cet organisme ne doit pas se substituer aux États qui doivent conserver leur autonomie décisionnelle et budgétaire.

Abandonner la notion de « concurrence libre et non faussée » inscrite dans le traité d e Maastricht.

Définir un revenu garanti « tirant vers le haut » et en finir avec les mesures actuelles qui conduisent à la course au dumping social auquel nous assistons au sein de l’Europe.

  • Une politique économique et budgétaire recentrée sur les besoins humains et la protection de l’environnement

Établir des orientations budgétaires qui s’appuient sur de nouvelles ressources, notamment le rétablissement de l’impôt sur la fortune et sur les revenus financiers, la lutte contre l’évasion fiscale, une politique fiscale plus égalitaire, les nationalisations des activités stratégiques, notamment la distribution de la presse, la santé et les produits pharmaceutiques - la relocalisation de filières délocalisées – le soutien aux PME- les mesures de relance de l’économie priorisant le pouvoir d’achat, les besoins humains, la protection de l’environnement –

Élaborer et mettre en place une politique urgente et contraignante dotée de moyens pour lutter contre le réchauffement climatique

Développer les moyens des services publics : un engagement stratégique de l’Etat et des collectivités territoriales s’impose

L’abandon des projets en cours : La réforme des retraites, la retraite par répartition à confirmer- la réforme de l’assurance chômage.

5.    Un nouveau cadre pour les droits et libertés fondamentales

  • De nouveaux droits pour les salariés et leurs syndicats

Une reconnaissance du rôle des syndicats, avec des droits nouveaux – un droit d’intervention

Une politique déterminée axée sur la préservation de la santé au travail, s’appuyant sur les CHSCT à remettre en place

  • Une remise en cause du tout sécuritaire

La crise sanitaire, dans la suite de la période des attentats, a autorisé le gouvernement à restreindre les libertés individuelles et collectives et à développer des régimes d’exception– des principes et des règles doivent être définis, notamment dans la Constitution, et au plan européen, de nature à garantir l’Etat de droit et la démocratie notamment dans les périodes de crise

Le développement du numérique constaté dans notre société doit être fortement encadré

Les mesures de contrôle, policier ou numérique ou autres (ex des « brigades sanitaires »), ne doivent pas être liberticides.

Document de réflexions élaboré lors de la crise sanitaire par un collectif de retraités CGT du Pays d’Aubagne respectant les consignes de confinement et enrichi lors d’une journée d’étude associant les syndiqués disponibles le 25 juin2020